Images dans les images, et le regard aussi

La vieille bibliothèque, qui n’est plus sortie de l’oubli que pour des expositions qui lui sont étrangères, se venge de sa relégation en étouffant ses hôtes. Difficile de présenter des œuvres, sculptures, photos ou peintures sous le regard en trompe-l’œil des étagères désertées. Y parvenir est rare, c’est ce que réussit l’exposition « Sortir du cadre ». L’énergie confiante du collectif Trait-d’Union a raison de la malédiction des vieux fantômes. La légèreté heureuse et le rayonnement serein de ses images éloignent les ombres froides qui rodent sous l’immense verrière.

Au premier plan, de gauche à droite : Bernard au M.I.N, Fabien au stade des Alpes, Fanny place de Verdun. En arrière plan, Louis à La Casemate.

Les photographies grand format accueillent le visiteur et l’invitent à participer à la rencontre inventée par les six photographes du collectif. En fait, il s’agit moins d’une exposition que de la poursuite d’une expérience humaine. Images dans les images, présences plus que portraits, rencontres mises en abîme, regards que la lumière anime, volonté d’une espérance. Partage. Trait d’union. Lien entre les gens. Ceux-là que l’on voit et que le regard quotidien traverse d’indifférence, ces photographies nous les font rencontrer. L’exposition « Sortir du cadre  » est une véritable performance qui inclut le regardeur. Les artistes qui veulent ces images, trouvent nos regards parce que leur écriture impose cette évidence : il y a de l’autre en moi, il y a de moi en l’autre. Images dans les images. Regards dans les regards. On voudrait à son tour prendre le cadre et entrer dans la chaîne.

Au premier plan, de gauche à droite : Antoinette à La Capuche, Delphin à l’ile verte. Au second plan : Ben Mohamed et fils à L’Abbaye

Chacun a improvisé sa participation, joué le jeu de la belle idée. Plaisir de participer à un élan commun généreux et prometteur d’un possible. Chaque image est une mise en scène au script minimal : rejoindre les autres en reproduisant un même geste. La mise en lumière et en espace de l’engagement spontané de chacun dans le projet constituent la signature du collectif. Un style très construit mais qui ne contraint pas, et qui a l’élégance de s’effacer pour laisser tout l’espace au message qui ne se paie pas de mots mais que l’on entend très clairement.

Plus qu’une exposition que l’on voit, c’est une exposition que l’on vit. Pour ceux qui ne pourraient en faire l’expérience, gageons qu’il restera la possibilité d’acquérir l’album dont le format et la qualité des reproductions photographiques permettent une immersion proche de celle de l’exposition.
Et puis… il y a le web…

Après la visite de l’exposition « Sortir du Cadre », ancien musée de Grenoble

Illustrations : vues d’exposition



Catégories :choses d'ici, photographie, regardeur

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