Hommage à Henri Dody, créateur irréductible et indépendant, peintre et poète

Billet invité de Josseline Chappaz

Nous avions envisagé, Henri Dody et moi-même, de présenter ses œuvres lors d’une exposition programmée en avril 2017 dans la chapelle de Dolomieu, dans le nord –Isère. Malheureusement il nous a quitté subitement fin 2016. Dody souhaitait la présence de ses amis Béraud et eOle. La programmation de l’exposition a pu être maintenue, nous avons décidé de lui rendre hommage et de présenter ses derniers travaux.

Henri Dody a fait partie du trio Dody-Carrier-Unal auquel la maison de la culture de Grenoble a donné carte blanche en 1970 pour une grande exposition, « Stendhal au Far-West ». Le groupe s’est séparé peu après. Unal a entrepris la construction d’une maison étonnante en Ardèche, première pierre d’un univers d’architecture original. Carrier a continué de sculpter, peindre, dessiner jusqu’à sa disparition en 2000. Quant à Dody, qui n’a jamais cessé de peindre. Il avait gardé une âme d’enfant, témoigne eOle, ses peintures et collages d’une originalité et d’une gaîté jubilatoires nous entraînent vers un délicieux moment de bonheur…

Le pop’art qui a permis de sacraliser un certain nombre d’artistes dans les réseaux du grand marché international , en a laissé d’autres sur la touche. Mais Dody, très malin, a su rebondir. Ironique, irréductible et indépendant Dody qui porte les couleurs pures à un point d’exaltation rarement atteint. Laissant libre cours à sa fantaisie. Il savait jouer des mots, des couleurs et des images. Dans ses toiles et collages remplis de « curiosités » on trouve pèle-mêle : coquillages, animaux, bateaux, terres lointaines et pittoresques, masques peut-être autoportraits. Merveilleux bric-à-brac, tout un attirail à déchiffrer entre farce et tragédie un peu façon Ensor. Merveilleux Dody dont la silhouette parait parcourir furtivement l’exposition en murmurant les mots qu’avec ses deux compères il soufflait à Stendhal :

« Il semble que toute idée ait aujourd’hui dépassé passagèrement la conscience. On vient d’ouvrir le couvercle de la boîte. Je ne suis plus mon maître tellement je ne veux plus me retenir des erreurs de mes doigts, des erreurs de mes yeux. Chaque jour se modifie le sentiment désespérant que je pourrai jamais savoir. Ces plages de l’inconnu, toute la faune des imaginations, ces sortes de galeries couvertes sont devenues le paysage fantasmatique des plaisir et des professions maudites incompréhensibles hier et que demain ne connaîtra jamais ».

Billet de Josseline Chappaz, commissaire de l’exposition « Dody et ses amis Béraud, eOle » salle de la Chapelle, place Déodat Gratet à Dolomieu.

Illustrations (courtoisie Galerie Chappaz) : (1) vue d’exposition — autour d’une toile de Dody, les sculptures d’eOle et les bouteilles de Bernard Béraud : « Optical experiment » ; (2) Henri Dody, Composition 30F (toile) ; Henri Dody, assemblage collage (coll. privée).

Citation extraite de : Carrier, Dody, Unal (1970) Stendhal au Far-West, Maison de la culture de Grenoble.



Catégories :art contemporain

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