Art contemporain sur les bords du Bosphore (2)

caglayan.1297630042.jpg Après la visite des collections permanentes d’Istanbul Modern [*], celle de ses expositions temporaires réserve d’étonnantes découvertes. Les créations haute-couture d’Hussein Chalayan [*] allient proposition esthétique et  réflexion éthique, comme par exemple le Manifest Destiny (2003 [*]) qui met en scène la femme femme-mère-ménagère. dice-kayek.1297630076.jpg Dans une une salle voisine, dans une mise en scène précieuse, Dice Kayek présente une exposition de robes-sculptures. L’étoffe travaillée avec rigueur et une luxueuse sobriété évoque la ville, son histoire, ses hauts lieux au fil de variations sur un modèle de robe. Au-delà de l’émerveillement que suscite la virtuosité du créateur, on pense à la rue où les femmes, plus que les hommes, témoignent des contrastes et tensions en la cité du Bosphore, du voile le plus sévère à la tenue la plus légère. En utilisant la robe pour évoquer Istanbul, Dice Kayet tire parti de cette tension symbolique : « Istanbul Contrast« .

matiere-lunmiere.1297630953.JPG Dominant le Bosphore, le quartier Beyoğlu, que l’on peut rapidement atteindre après la visite d’Istanbul Modern, accueille de nombreuses galeries d’art contemporain. Notamment, sur la célèbre avenue Istiklal, l’exposition Matière-Lumière (Madde-Ișik) offre des expériences visuelles et tactiles dans lesquelles se perdent les regards (Christian Partos, Aquagraf) et s’immergent les corps (Erwin Redl, Martix II). De nombreux artistes sont réunis dans cette galerie animée par Boran Müzik Evi, parmi eux Ivan Navarro qui était présent à la Biennal de Venise en 2009 [*]. Threshold [*] : jeux de miroirs, création d’espace virtuel d’une matérialité saisissante. Vertige.

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istanbul-street-1.1297630193.JPGRevenant vers le quartier historique, le regardeur curieux fera d’autres découvertes, tout à fait inattendues. AInsi, à quelques pasn de Sainte Sophie, une galerie off — en quelque sorte — présente des œuvres alternatives. Art de la rue. Interpellations provoquantes entre témoignages d’une grande histoire et babioles pour touristes. Sentiment d’une énergie contenue qui ne demande que d’être libérée. Un pétard dont la mèche pourrait être allumée par un regard.

nice-art.1297631091.jpg Poursuivant la promenade au-delà de la Mosquée bleue, en redescendant vers la mer de Marmara, dans la rue Kaleci, à l’écart des chemins battus et rebattus par les touristes, une nouvelle découverte : Nice Art. Petite galerie modeste et généreuse, Nice Art offre au regardeur un mélange d’objets orientaux et de peintures, quelques expressions contemporaines, d’autres traditionnelles. nice-art-2.1297631011.JPGLe propriétaire accueillant et jovial ne perd rien de son sourire lorsqu’un coup de vent renverse un chevallet devant sa porte. Petit événement dont le commentaire donne naissance à une conversation. Quelques mots sur l’art, sur la ville, sur l’itinéraire qui conduit ce galeriste francophone à créer Nice Art.

La visite d’Istanbul se termine sur ce moment très simple de rencontre. A l’ombre des témoins d’une histoire très ancienne sous laquelle vibre l’écho de l’actualité la plus récente, les initiatives et les créations contemporaines, rebelles ou traditionnelles se multiplient. Le visiteur pris par le charme et le mystère de la paisible effervescence stambouliote gardera longtemps le souvenir de cette expérience sensible, équilibre délicat entre familiarité et étrangeté.

 

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Istanbul capitale européenne de la culture, 2010

Building Bridges Between The Cultures

Illustrations : (1) Hüseyin Chalayan, visuel d’annonce de l’exposition à Istanbul Modern ; (2) Dice Kayek, Istanbul Contact, Visuel pour l’annonce de l’exposition à Istanbul Modern ; (3) Image de la vitrine de l’exposition Matière-Lumière (photographie de l’auteur) ; (4) et (5) images aux références perdues façade d’une galerie proche de Sainte Sophie (photographie de l’auteur) ; (6) et (7) Galerie Nice Art, vue de la vitrine et de l’une des œuvres exposées (photographies de l’auteur) ; (8) Building bridges between the cultures (pont de Galata, vue depuis la rive droite de la Corne d’Or, photographie de l’auteur) 



Catégories :art contemporain, regardeur

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